Lutte contre l'antibiorésistance

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Les antibiotiques (ATB) sont précieux. Ils ont permis de vaincre un grand nombre de maladies qui étaient auparavant mortelles. Toutefois, si nous n'agissons pas aujourd’hui et si nous continuons à les consommer de façon abusive et inadaptée, en 2050 certaines maladies bactériennes, aujourd’hui bénignes, redeviendront mortelles.

Les antibiotiques sont efficaces pour combattre les infections bactériennes.

Les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les infections dues aux virus. Toutefois, à tort, certaines maladies virales font tout de même l’objet de prescription d’antibiotiques : entre 30 et 50 % des traitements seraient inadaptés aux pathologies diagnostiquées.

Les antibiotiques agissent sur les bactéries pathogènes directement liées à l’infection mais ils peuvent également avoir un impact sur les autres bactéries non pathogènes qui constituent notre flore microbienne commensale.

L’emploi inadapté d’antibiotiques induit une pression de sélection sur les bactéries de cette flore, modifie l’écosystème bactérien et concourt à l’émergence de bactéries pathogènes résistantes.

En effet, lorsqu’un antibiotique est utilisé de façon répétée, massive ou inappropriée (traitement trop court, trop long ou dosage inadéquat), les bactéries s’adaptent et acquièrent des mécanismes de défense nouveaux contre cet antibiotique. L’inobservance des traitements induit les mêmes effets.

La bactérie devient résistante à l’action de l’antibiotique.

De fait, plus on a recours à l’antibiothérapie, plus les bactéries résistantes prospèrent, échangent entre elles leurs mécanismes de résistance, se renforcent et en se reproduisant (une bactérie se renouvelle toutes les 20 minutes) se disséminent. Ces mécanismes de défense peuvent se transmettre entre bactéries d’une même espèce ou entre bactéries d’espèce différentes.

Ce phénomène appelé antibiorésistance est en croissance constante.

Certaines bactéries sont dites multirésistantes : elles sont résistantes à plusieurs familles d’antibiotiques.

Cette multirésistance est un problème majeur de santé publique. Certaines infections deviennent de plus en plus difficiles à soigner faute de disposer d’antibiotiques efficaces : maladie plus longue, plus de complications, d’hospitalisation et une hausse de la mortalité.

En France, en 2016, environ 160 000 infections à bactéries multirésistantes étaient contractées. Elles sont imputables à 12 500 décès.

L’antibiorésistance est d’abord apparue en 1940 dans le secteur hospitalier mais elle s’est propagée depuis dans le milieu communautaire.

C’est une problématique à l’échelle mondiale qui implique la santé humaine, animale et notre environnement. L’OMS a adopté en 2015 un plan mondial pour combattre la résistance aux anti microbiens. Il vise à préserver notre capacité à prévenir et traiter les maladies infectieuses à l’aide de médicaments surs et efficaces.

L’antibiorésistance nous concerne tous, quel que soit notre âge, notre pays, notre milieu social, notre état de santé, nos habitudes de vie, nos pratiques, ….

Au niveau européen, pour le secteur de ville en 2016, la France était le 3ème pays le plus consommateur d’antibiotiques. La consommation globale d’antibiotiques était 30 % plus élevée que la moyenne européenne. Elle est globalement en augmentation sur les dix dernières années sur le secteur de ville et stable en établissements de santé.

La surconsommation d’antibiotiques dans les élevages est également responsable de l’apparition de résistances bactériennes : en santé animale, 96% des utilisations d’antibiotiques concernent les animaux destinés à la consommation humaine.

Ces bactéries multirésistantes peuvent être transmises à l’homme directement ou par l’environnement ou par la consommation de viande insuffisamment cuites.

Pour en savoir plus cliquez ici

Résistance aux antibiotiques : nous pouvons tous agir !

Pour préserver l’efficacité de ces médicaments :

  1. N’utilisez que l’antibiotique prescrit par votre médecin;
  2. Respectez strictement votre ordonnance (la dose à prendre, les moments de prise, la durée de traitement) ;
  3. Ne réutilisez jamais un antibiotique sans prescription médicale même si vous pensez combattre une maladie apparemment semblable ;
  4. Ne donnez jamais votre antibiotique à une autre personne ;
  5. Une fois votre traitement terminé, rapportez à votre pharmacien toutes les boîtes entamées pour une destruction correcte et appropriée de ce médicament.

 Comment préserver l'efficacité des antibiotiques ?

  • En dispensant certains médicaments à l'unité:

- la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire (loi AGEC) a introduit la possibilité pour le pharmacien d’officine de dispenser à l’unité, certains médicaments. Le dispositif de dispensation à l’unité de certains médicaments tel que prévu par cette loi devrait entrer en vigueur au plus tard au 1er janvier 2022

  • En identifiant les angines virales

- Depuis le 1er juillet 2021, les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique d’angine (TROD) peuvent de nouveau être réalisés en pharmacie d’officine. Ils continuent à être mis à disposition gratuitement auprès des médecins ;

  • En formant les professionnels de santé aux bon usage des antibiotiques dans le cadre de la formation continue du DPC

Un appel d’offre national sur 3 ans, dédié à la prévention de l’antibiorésistance sera lancé très prochainement par l’ANDPC ;

  • En poursuivant et accentuant la recherche et l'innovation en antibioresistance

Interface nationale Recherche et Innovation Antibiorésistance coordonnée par l’INSERM.

 

respect du traitement, hygiène, vaccination

En cas de maladie d’origine bactérienne ou virale à potentiel épidémique, préservez votre entourage grâce au lavage fréquent des mains, au port du masque, évitez les contacts rapprochés, à une hygiène alimentaire rigoureuse, ….

La prévention des infections par la vaccination permet également de prévenir l’apparition de certaines maladies (bactérienne ou virales) : pneumonies, grippe, méningite, … parlez en avec votre médecin traitant.

Respecter le bon usage des antibiotiques, c’est préserver leur efficacité pour les générations actuelles et futures

Vous êtes un professionnels de santé ?

l'ARS a sélectionnée 2 outils internet gratuits d'aide à la prescription d'antibiotiques  pour vous accompagner dans votre pratique quotidienne.

ANTIBIOCLIC est un outil indépendant qui a été élaboré par un comité d'experts, constitué de cliniciens et enseignants de la faculté Paris Diderot (généralistes et infectiologues).

MedQual a été créé par le Professeur Françoise BALLEREAU du CHU de Nantes dans l’objectif de fédérer les professionnels de santé au sein d'un réseau de santé regroupant les acteurs de la ville et de l’hôpital. 

Antibio Malin : une page d'informations sur les traitements antibiotiques et les principales infections.

Le site santé.fr consacre une page au bon usage des antibiotiques.

"Antibio malin" vous aide à mieux utiliser ces médicaments et à mieux vous soigner.

Des réponses utiles et pratiques aux questions que vous vous posez comme par exemple :

Combien de temps vais-je me sentir malade ?
Comment protéger mon entourage ?
Comment prendre mon médicament ?
Dans quel cas est-il efficace ?
Cet antibiotique entraîne-t-il un risque de résistance des bactéries ?

Pour tout savoir, je consulte Antibio’Malin :

www.sante.fr/antibiomalin

Mais aussi ....

La Haute Autorité de Santé (HAS) en partenariat avec la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP), met à disposition des professionnels de santé de premier recours des fiches pratiques concernant la durée des antibiothérapies courtes:

- Ordonnance de non prescription antibiotique https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/ordo_de_non_prescription.pdf

- une fiche de synthèse sur le Choix et durées d’antibiothérapie préconisées dans les infections bactériennes courantes

- une série de fiches synthétiques préconisant le choix et les durées d’antibiothérapies les plus courtes possibles pour les infections bactériennes courantes de ville ;

 

Le COPIL

Un partenariat entre l’ARS de Corse et la direction de la coordination de la gestion du risque (DCGDR) de l’Assurance Maladie s’est développé depuis 2016 afin d’établir une politique régionale de lutte contre l’antibiorésistance pour les trois secteurs de l’offre de soins : le secteur sanitaire, le secteur médico-social et le secteur de ville.

Un comité de pilotage (COPIL) a été constitué pour intégrer les professionnels de santé concernés dans cette dynamique. Il est composé des représentants :

  •  des Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS médecins libéraux, biologistes, pharmaciens, infirmiers...),
  • de l’ Unité Fonctionnelle d’Infectiologie Régionale (UFIR),
  • de la direction régionale de l’alimentation, agriculture et forêt ( DRAAF)
  • Santé Publique France PACA -Corse,
  • du centre d’appui à la prévention des infections associés aux soins ( CPIAS)
  • de l’union nationale des associations agréées de notre système de santé ( FAS)
  • de l’assurance maladie,
  • de l’agence régionale de santé (ARS)
  • de la mutualité sociale agricole ( MAS)
  • de l'OMEDIT Paca Corse
  • du groupement technique vétérinaire de Corse ( GVT)

Ce COPIL a vocation à être un espace d’échange d’idées, de propositions, de concertation sur le programme d’actions à mener.
Des actions prioritaires à destination des professionnels de santé de ces trois secteurs sont en cours de réflexion ou déjà engagées.
Ces actions sont développées en lien avec l’Unité Fonctionnelle d’Infectiologie Régionale (UFIR) qui œuvre depuis 2014 au niveau régional sur cette problématique majeure.

Après la crise sanitaire Covid-19 le COPIL a repris sont activité le 15 novembre 2021.

Il se réunira deux fois par an, en avril et en octobre de chaque année, avec des groupes de travail sur les données ATB, la formation/sensibilisation des professionnels, la communication grand public, et actions prioritaires…

Un plan d’action 2022-2025

Organisation régionale d’un dispositif regroupant la prévention et le contrôle des infections avec le CPIAS et le bon usage des antibiotiques avec l’UFIR et l’OMEDIT PACA-Corse, conformément aux actualités législatives et réglementaires.

  1. En lien avec le CPIAS, consolider les équipes mobiles optionnelles d’intervention en hygiène (EMOIH), pour garantir une intervention dans le champ du médicosocial même en période de crise sanitaire.
  2. Création d’un centre régional en antibiothérapie (CRAtb) pour sensibiliser sur le bon usage des antibiotiques, animer un réseau de référents antibiotique et coordonner les équipes multidisciplinaires en antibiothérapie (EMA) en cours de création.

l’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF) et l’Association Nationale des Etudiants en Pharmacie de France (ANEPF) se sont engagées dans la lutte contre l’antibiorésistance.

Ils ont réalisé deux affiches choc à télécharger ci-dessous:

 

  • Les « social media cards » proposées par l’ECDC traduites en français avec le logo national, élaborées dans le cadre de la mission nationale MATIS de Santé Publique France. Vous pouvez télécharger les visuels ci-dessous destinés aux réseaux sociaux. ( Clic droit sur l'image et clic "enregistrer l'image sous")

Voir les images ci-dessous

  • Une « boîte à outils Médias », fournie par l'ECDC, est disponible sur Canva. Celle-ci regroupe une série de petites images contenant des slogans sur l’antibiorésistance (« mode d’emploi » en pièce jointe) ; pour y accéder, cliquez ici.

 

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Dans le cadre des travaux du COPIL régional, l'ARS et l'assurance Maladie ont réalisé un spot animé pour expliquer  l’impact sur la santé de la prise excessive d’antibiotiques et également de démystifier le phénomène de l’antibiorésistance.