Secouer un bébé est une maltraitance qui peut être mortelle

Article

Le gouvernement lance une nouvelle campagne nationale de sensibilisation au syndrome du bébé secoué. Cette maltraitance lourde de conséquences fait plus d’une victime par jour.
Retrouvez toutes les informations dans cette rubrique.

Les cas de bébés secoués ne sont pas des faits isolés. Chaque année, plusieurs centaines d’enfants en sont victimes. Cette maltraitance, perpétrée volontairement par des adultes, parfois dans le déni de la gravité de leur acte, représente la forme la plus grave de traumatisme crânien de l’enfant.

En France, 1 bébé sur 10, victime de secouements, décède, les autres en subiront les conséquences toute leur vie. Le syndrome du bébé secoué est à l’origine de graves séquelles neurologiques qui se manifestent par des déficiences intellectuelles, visuelles ou motrices, ainsi que des troubles du comportement, de la parole ou de l’attention.

Qu’est-ce que le syndrome du bébé secoué?

Le syndrome du bébé secoué est le terme utilisé pour décrire une lésion au cerveau résultant d’un traumatisme crânien intentionnel qui peut se produire quand un bébé est lancé, bousculé, tiré ou secoué. La tête d’un bébé, notamment celle d’un très jeune nourrisson, est relativement grosse par rapport au reste de son corps, et les muscles de son cou ne sont pas assez forts pour la soutenir; ainsi, tout mouvement violent entraîne un effet « coup de fouet ». Chez un bébé, le cerveau en développement est fragile et plus sensible aux blessures et aux lésions graves que celui d’un adulte.
 
Les bébés de moins de quatre mois et ceux qui sont nés prématurément sont les plus vulnérables au syndrome du bébé secoué en raison de leur petite taille. Les traumatismes crâniens dus à ce syndrome sont la principale cause de mortalité infantile au Canada et aux États-Unis. Environ 25 % des bébés secoués meurent des suites de leurs blessures. Le syndrome du bébé secoué est vu comme une forme de violence à l’égard des enfants.

Pourquoi est-ce si dangereux?

Dans le syndrome du bébé secoué, les fragiles vaisseaux sanguins du cerveau se déchirent quand le cerveau bouge trop rapidement à l’intérieur du crâne. L’accumulation de sang dans ce petit espace exerce une pression sur le cerveau et les yeux. Parfois, des mouvements brusques peuvent aussi causer un décollement de la rétine (l’arrière de l’œil sensible à la lumière) et mener à la cécité. La fatigue, l’irritabilité et les problèmes respiratoires font partie des symptômes rattachés au syndrome du bébé secoué (même si parfois il n’y a aucun symptôme évident à première vue). Dans les cas très graves, le choc peut entraîner une perte de connaissance, la cécité, des déficits moteurs, des difficultés d’apprentissage et d’autres séquelles graves incluant la mort.

Comment cela se produit-il?

Les blessures causées à un bébé secoué surviennent souvent dans des situations stressantes, quand un nourrisson pleure et est inconsolable. Quand rien ne semble apaiser l’enfant, le parent ou la gardienne fatigué et frustré peut se saisir du bébé et le manipuler trop brusquement.

Comment prévenir le syndrome du bébé secoué?

Les bébés ne savent pas communiquer autrement qu’en pleurant. Si votre bébé pleure et ne s’arrête pas, même si vous le prenez dans vos bras et lui donnez tous les soins dont il a besoin, il peut y avoir autre chose qui le dérange. Mais, ce qui est le plus important, c’est de toujours prendre votre bébé délicatement sans jamais le secouer.
 

Ne jamais :

  • Lancer un bébé dans les airs;
  • Faire tourner un bébé en le tenant par les bras ou les jambes;
  • Faire du jogging ou courir avec un bébé sur le dos ou contre votre poitrine;
  • Faire rebondir vigoureusement un bébé sur vos genoux;
  • Tourner vivement avec un bébé dans vos bras.
Toujours :
  • Soutenir la tête d’un très jeune bébé quand vous le soulevez ou le portez;
  • Réconforter le bébé en le cajolant, en le berçant délicatement et en lui murmurant des paroles apaisantes;
  • Vous assurer que toute personne qui s’occupe de votre bébé sait comment le prendre avec soin.
Si votre enfant continue à pleurer et demeure inconsolable, amenez-le dans une pièce plus calme, faites jouer de la musique douce, comme des berceuses, et bercez-le doucement. (Le fait d’être calme et d’avoir confiance en soi aide; le bébé peut ressentir votre nervosité par la tension dans vos muscles et votre voix.)
 
 
Si les pleurs vous exaspèrent ou que vous sentez que vous êtes à bout, prenez une pause. Éloignez-vous de votre bébé pour un temps. Si possible, demandez à quelqu’un d’autre de venir réconforter et calmer votre enfant. Placez votre enfant dans son berceau ou dans un autre endroit sûr, quittez la pièce et fermez la porte. Essayez d’appeler un ami ou faites une chose qui vous calme, comme boire un café ou un thé, prendre une douche, écouter de la musique, lire ou simplement vous asseoir et fermer les yeux. N’ayez pas peur ou honte de demander de l’aide. Il peut être très réconfortant de parler à un ami ou à un proche de confiance.

Garder un bébé n’est pas chose facile. Si vous êtes un parent ou une personne responsable d’un enfant et que vous vous retrouvez en situation de vulnérabilité ou connaissez des difficultés, il existe des bons reflexes à adopter.

Si personne n’est là pour vous aider :
Garder un bébé n’est pas chose facile. Si les personnes responsables de l’enfant connaissent des difficultés ou se sentent en situation de vulnérabilité face à lui, elles doivent :

  1. Mettre le bébé en sécurité dans son lit, en le couchant sur le dos. Il n’y a aucun danger à le laisser seul dans cette position ;
  2. Quitter quelques minutes la pièce ;
  3. Respirer et se concentrer sur autre chose pour retrouver leur calme ;
  4. Si possible appeler un proche pour en parler ou leur venir en aide en prenant le relai ;
  5. Demander de l’aide : partager leurs craintes et leurs doutes à leur entourage comme à des professionnels.

 Réagir dans l’urgence face aux symptômes immédiats

Après les secouements, des symptômes pouvant être en rapport avec une atteinte neurologique grave surviennent immédiatement :
 

  • Somnolence inhabituelle, troubles de la conscience ;
  • Rigidité du corps ou au contraire une perte du tonus ;
  • Mouvements anormaux ou convulsions (les bras et les jambes se raidissent ou se mettent à bouger de manière incontrôlable) ;
  • Difficultés à respirer ou des pauses respiratoires ;
  • Diminution de l’appétit, refus de manger ou vomissements sans raison apparente ;
  • Perte des sourires ou babillage habituels ;
  • Moins bon contact, extrême irritabilité, pleurs inhabituels ;
  • Troubles oculaires : les yeux ont des mouvements anormaux, les pupilles sont de dimensions inégales, l’enfant louche ou ne suit plus du regard.

Les séquelles du syndrome du bébé secoué

75% des bébés qui survivent aux secouements connaîtront des séquelles très lourdes dues à des lésions cérébrales :
 

  • Un retard du développement psychomoteur ou des handicaps moteurs ;
  • Des troubles cognitifs et des difficultés d’apprentissage ;
  • Des problèmes de comportement ;
  • Des troubles de l’alimentation ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Un déficit visuel ou une cécité ;
  • Un déficit auditif ou une surdité ;
  • Des crises épileptiques.

 

 

  • Contacter les secours médicaux d’urgence en appelant le 15 ou le 112 (114 par sms pour les personnes sourdes ou malentendantes) : un diagnostic et des soins précoces sont indispensables pour diminuer les séquelles neurologiques.
  • En attendant l’arrivée des secours, si le bébé présente des convulsions ou s’il vomit, le placer sur le côté, en position latérale de sécurité.
  • S’assurer que le bébé n’a pas de fièvre et s’il en a, la prendre en charge.
  • Vérifier s’il n’a pas besoin de boire ou de manger, d’être changé, couvert davantage ou au contraire, moins couvert.

 

Deux numéros verts existent pour entrer en contact avec des professionnels de la petite enfance :

-  Un numéro d’urgence : la ligne « Allo Enfance en danger » du Service National d’Accueil Téléphonique pour l’Enfance en Danger (SNATED) qui a pour mission d’apporter aide et conseil aux appelants confrontés à une situation d’enfant en danger ou en risque de l’être.

  • Joignable au 119 disponible 24h/24 et 7j/7.

- Un numéro d’aide et d’écoute : la ligne « Allo Parents Bébé » de l’association Enfance et Partage qui a pour mission d’écouter, de soutenir et d’orienter les parents inquiets dès la grossesse et jusqu’aux trois ans de l’enfant.

  • Joignable au 0 800 00 34 56, du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h.