Infections invasives à méningocoques (IIM)

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Au cours des 10 dernières années, le taux d’incidence des IIM en France était de moins de 1 cas pour 100 000 habitants. La majorité des cas sont sporadiques. La létalité des IIM est de 10 à 12%.
Parmi les douze sérogroupes décrits, en France, la majorité des IIM est liée aux sérogroupes B et C.

Le méningocoque est une bactérie fragile qui ne survit pas dans le milieu extérieur. Cette bactérie est exclusivement retrouvée chez l’Homme et commensale du rhinopharynx.

Les risques de la survenue d’une IIM après acquisition du méningocoque et colonisation du rhinopharynx sont rares et dépendent de deux facteurs :

  • ceux liés à la bactérie (virulence de la souche) ;
  • et/ou ceux liés à l'hôte (fragilité de la personne).

Le plus souvent, les méningocoques n’entraînent pas de maladie particulière, mais dans certains cas, ils peuvent provoquer des maladies très graves qui peuvent être mortelles ou laisser des séquelles importantes.

Les infections invasives à méningocoque sont imprévisibles, leur diagnostic est difficile car les symptômes inauguraux sont souvent atypiques et non spécifiques.

 

Le méningocoque peut provoquer deux infections graves :

  • Les méningites (inflammation des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière) ;
  • Les septicémies à méningocoque dont la forme la plus grave est le purpura fulminans. (Dissémination dans l’ensemble de l’organisme, infection généralisée du sang et de différents organes).

L’état de santé se dégrade et des tâches purpuriques apparaissent (rouges ou violacées ne s'effaçant pas à la vitropression). C’est une urgence vitale, diagnostique et thérapeutique. 

 

Deux symptômes d’une infection invasive à méningocoques doivent notamment alerter :

  • Une hyperthermie importante ("fièvre" élevée mal tolérée,

Cette fièvre peut être accompagnée de : courbatures (surtout dans les jambes), mains et pieds froids, teint gris, bleuté, marbré, vomissements, céphalées, photophobie, altération de la conscience, somnolence, raideur de la nuque…

Pour le nourrisson : il est plaintif surtout quand on le prend ou quand on le touche, son teint est gris, bleuté, marbré, il refuse de s’alimenter, il est abattu…

Très rarement, le nourrisson est apyrétique.

Si il est en hypothermie, c’est aussi un signe d’alerte.

  • Et/ou une ou plusieurs taches purpuriques apparaissent (rouges ou violacées ne s'effaçant pas à la vitropression).

Les méningocoques sont des bactéries normalement présentes dans la gorge et le nez de nombreuses personnes.

La transmission est strictement interhumaine via les sécrétions rhino-pharyngées (gouttelettes de Flügge) et nécessite un contact direct et rapproché avec une personne malade ou un porteur sain, de façon prolongée. 

Le méningocoque ne survit pas dans le milieu extérieur.

  • La période d'incubation varie de 2 à 10 jours (moyenne de 3-4 jours).
  • La période de contagiosité débute 10 jours avant l’hospitalisation et se termine à la première administration parentérale d’un antibiotique efficace sur le portage, en première intention la Ceftriaxone. 

Signalement, sans délai et par téléphone, à l’Agence régionale de santé (ARS) puis notification au moyen de la fiche de notification Cerfa de tout cas remplissant l’un au moins des critères suivants :

1. Isolement bactériologique de méningocoques ou PCR positive à partir d’un site normalement stérile [sang, liquide céphalo spinal, liquide articulaire, liquide pleural, liquide péritonéal, liquide péricardique] OU d’une lésion cutanée purpurique

2. Présence de diplocoques gram négatif à l’examen direct du LCS

3. LCS évocateur de méningite bactérienne purulente (à l’exclusion de l’isolement d’une autre bactérie) ET présence d’éléments purpuriques cutanés quel que soit leur type

4. Présence d’un purpura fulminans (purpura dont les éléments s’étendent rapidement en taille et en nombre, avec au moins un élément nécrotique ou ecchymotique de plus de trois millimètres de diamètre associé à un syndrome infectieux sévère, non attribué à une autre étiologie)

Le Point Focal Régional (PFR)

24h/24 - 7j/7
        Tél. : 04.95.51.99.88
         Fax : 04.95.51.99.12
          Courriel : 
ars2a-alerte@ars.sante.fr

Le signalement et la surveillance visent à renforcer la prévention de cette maladie. 

Une suspicion d’IIM nécessite une prise en charge médicale immédiate et un transfert en urgence à l’hôpital. La prise en charge inclut l’administration sans délai d’antibiotiques par voie intraveineuse si possible ou intramusculaire.

La recherche des contacts à risque ayant été exposés directement aux sécrétions rhino-pharyngées du cas index, s’effectue dans les 10 jours précèdent l’hospitalisation de la personne.

Au-delà des personnes qui vivent ou sont gardées sous le même toit que le cas index pendant sa période de contagiosité, l’évaluation du risque doit tenir compte de l’ensemble des critères suivants :

  • La proximité, moins d’un mètre ;
  • Un contact en « face à face » uniquement ;
  • La durée :

A moins d’un mètre, la probabilité de transmission des sécrétions rhino-pharyngées augmente avec la durée du contact : on considère habituellement que le risque de contamination existe pour une durée dépassant au moins une heure d’affilée. Ce temps peut être diminué si une toux importante et/ou des éternuements fréquents ont été rapportés pour le malade.

- Lors d’un contact « bouche à bouche », la durée importe peu.

 

Une antibiprophylaxie post exposition par Rifampicine, antibiotique donné à visée préventive (sauf contre-indication ou résistance documentée) est proposée dans les plus brefs délais (si possible dans les 24 à 48 heures suivant le diagnostic) aux sujets identifiés contacts à risque.

Cette antibioprophylaxie n’a plus d’intérêt au- delà de 10 jours après le dernier contact avec le cas index.

Posologie de la Rifampicine  : dose à prendre 2 fois par jour pendant 2 jours :

  • 2 gélules de 300 mg pour un adulte par prise ;
  • 10 mg/kg (600 mg max) pour un enfant par prise ;
  • 5 mg/kg pour un nouveau-né (< 1 mois) par prise. 

En cas de contre-indication ou de résistance documentée et confirmée à la Rifampicine ou en cas d’infections répétées dans une même communauté :

  • Ceftriaxone (voie injectable - dose unique) ou ciprofloxacine (per os - dose unique)

 

Une vaccination est également proposée aux sujets contacts qui se retrouvent de façon régulière et répétée dans l'entourage du malade si celui-ci a été infecté par un méningocoque de type A, C, Y ou W.

 

Certaines mesures inefficaces et inutiles sont à proscrire :

  • Prélèvement ou désinfection rhino pharyngée chez les sujets contacts.
  • Eviction de la collectivité, en particulier scolaire des contacts et/ou de la fratrie.
  • Désinfection ou fermeture d'un établissement.

La vaccination contre les infections à méningocoques de sérogroupe C est recommandée chez les nourrissons, enfants et adolescents jusqu’à l’âge de 24 ans. Elle est obligatoire pour les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018.

Depuis avril 2022, la vaccination contre le méningocoque B est recommandée et prise en charge par l’Assurance maladie pour l’ensemble des nourrissons.

La vaccination contre les méningocoques est aussi recommandée pour les personnes fragiles, porteuses de certaines maladies, pour les professionnels exposés, et pour se rendre dans certains pays.

 

Pour les personnes contacts à risque :

La survenue d’un cas d’IIM dans une population indique qu’une souche pathogène circule. Malgré l’antibioprophylaxie, il existe un risque de réintroduction de cette souche dans la communauté de vie du cas index.

La vaccination est proposée (même dans le cas où le malade est décédé) aux personnes qui se retrouvent de façon régulière et répétée dans son entourage proche (c’est-à-dire sa communauté de vie : en particulier la famille et les personnes vivant sous le même toit ainsi que les amis, les voisins de classe, etc.).

Elle doit être proposée le plus rapidement possible après connaissance du sérogroupe, et dans les 10 jours après le dernier contact avec le cas index pendant sa période de contagiosité.

La survenue d’une IIM C doit être l’occasion de la mise à jour des vaccinations (page 25 à 27) de l’entourage selon les recommandations du HCSP. Cette vaccination de rattrapage peut être effectuée sans considération de délai.