Surveillance épidémiologique des infections à virus West-Nile (VWN)

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Le virus West-Nile (VWN) se transmet à l’homme par un moustique du genre Culex auparavant infecté en piquant un oiseau malade. Chez l'homme, les infections à VWN sont asymptomatiques dans 80% des cas, et lorsqu’elles sont symptomatiques elles s’expriment le plus souvent par un syndrome pseudo grippal. Dans de rares cas (<1%), il y a des manifestations neuro-méningées, parfois létales.

La transmission à l’homme du virus West Nile s’effectue principalement par la piqûre d’un moustique du genre « Culex », qui se contamine en se nourrissant sur des oiseaux infectés et dont l’activité est essentiellement nocturne.

Le moustique ainsi infecté pourra, à l’occasion d’une autre piqûre, transmettre le virus à un autre oiseau ou à un hôte accidentel comme l’homme ou le cheval.

L’homme ou le cheval représentent un « cul-de-sac épidémiologique » pour le virus (virémie insuffisante pour infecter un autre moustique qui le piquerait).

Dans les zones tempérées, la transmission du VWN est saisonnière, lors de la période d’activité des moustiques (du 1er mai au 30 novembre pour la France métropolitaine). 

Les régions du pourtour méditerranéen sont particulièrement à risque, les Culex y sont présents, actifs et abondants dans les nombreuses zones humides qui sont également propices à l'arrivée d'oiseaux migrateurs.

En dehors de la transmission vectorielle, la transmission est possible par transfusion sanguine et par transplantation d’organes, de tissus ou de cellules (plus rarement).

Des cas de transmission de la mère à l’enfant durant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement ont également été décrits.

 

En France métropolitaine, détecté dès les années 1962-1963 en Camargue, le virus a été retrouvé de nouveau en 2000 chez des chevaux. 

Depuis 2010, on observe une circulation plus importante en Europe, en Russie et sur le pourtour méditerranéen.

En 2018, une recrudescence du virus West Nile a été observée avec 27 cas humains d’infection humaine autochtone, dont 7 formes neuro-invasives, sur le pourtour méditerranéen français, majoritairement dans les Alpes Maritimes. Il y avait aussi eu 13 cas équins confirmés dont 1 dans les Bouches-du-Rhône, 7 dans le Gard et 5 en Haute-Corse.

En 2019, 2 cas humains dont 1 forme neuro-invasive ont été déclarés dans le Var. Il y avait aussi eu 13 cas équins confirmés dont 9 dans les Bouches-du-Rhône, 2 dans le Gard et 2 en Haute-Corse.

En 2020, 5 cas équins dont 3 en Corse du Sud, 1 en Haute-Corse et 1 dans le Var.

En 2021, 3 cas équins dont 2 en Haute Corse et 1 dans le Var.

En 2022, 6 cas humains dont 3 formes neuro-invasives. 2 dans les Bouches du Rhône et 4 dans le Var. Il y avait aussi eu 9 cas équins dont 4 dans le Var, 2 en Haute Corse, et 3 en Gironde (première identification de West Nile virus hors du pourtour méditerranéen). 

Le dispositif de surveillance du VWN est pluridisciplinaire comprenant un volet humain, un volet équin, un volet aviaire et un volet entomologique.

Les professionnels de santé, les ARS, les agences sanitaires, les laboratoires de référence et des centres d’expertise participent activement à cette surveillance.

La période de surveillance est comprise entre le 1er mai et le 30 novembre, dans 10 départements du pourtour méditerranéen pendant la période d'activité des vecteurs: la Corse-du-Sud, la Haute-Corse, les Alpes-Maritimes, l' Aude, les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales, le Vaucluse et le Var.

Le dispositif de surveillance du VWN vise à:

- détecter les premiers cas humains neurologiques en zone méditerranéenne,

- déclencher l'alerte et fournir les informations nécessaires aux institutions chargées de la mise en place et de l'adaptation des mesures de contrôle et de prévention,

- mettre en œuvre les mesures adéquates, en particulier pour la sécurisation des produits issus du corps humain. 

Afin de sécuriser les transfusions ou les dons d’organes et tissus, les mesures reposent sur le dépistage ou l'exclusion des donneurs à risque, lorsque la circulation est documentée dans le département.

- alerter les institutions internationales de la circulation du virus en France métropolitaine.

1. L'inscription des infections à VWN sur la liste des maladies à déclaration obligatoire depuis 2021:

Tout cas d'infection par le WNV documenté biologiquement (sérologie, RT-PCR, séroneutralisation, isolement par culture virale), quels que soient les symptômes doit être signalé au:

Le Point Focal Régional (PFR)

24h/24 - 7j/7

Tél. : 04.95.51.99.88

Fax : 04.95.51.99.12

Courriel : ars2a-alerte@ars.sante.fr

 

2. La surveillance hospitalière qui cible la détection des infections neuro-invasives à West Nile virus en réalisant des analyses de confirmation devant chaque cas cliniquement compatible (cas suspect) même en absence de circulation documentée du virus. 

La surveillance consiste en l'identification des cas suspects d'infection à VWN:

  • Cas suspect : Tout adulte (≥ 15 ans) hospitalisé dans l’un des 10 départements du pourtour méditerranéen entre le 1er mai et le 30 novembre, présentant :
    • Un état fébrile (fièvre ≥38,5 °C)
    • ET des manifestations neurologiques de type encéphalite, méningite ou polyradiculonévrite (syndrome de Guillain Barré), ou paralysie flasque aiguë, ayant conduit à la réalisation d’une ponction lombaire avec :
      • un LCS clair (non purulent)
      • sans étiologie identifiée.

En cas de détection d’un cas suspect, les prélèvements biologiques (LCS, sang total sur EDTA) seront expédiés, selon la réglementation en vigueur, avec la fiche de renseignements du CNR, à l’adresse du laboratoire du CNR des arbovirus de Marseille avec l’étiquette de transmission

En cas de résultat biologique positif, le CNR informera sans délai l’Agence régionale de santé (ARS) et Santé publique France

 Le signalement d'un cas de WNV déclenche la réalisation par l'ARS d'une enquête épidémiologique dont les objectifs sont  :

    - de déterminer le statut importé ou autochtone du cas,

    - d' identifier les lieux de contamination potentiels, les expositions à risque.   

 

 ⇒ Des mesures de contrôle et de gestion pourront être mises en place en fonction des éléments recueillis au cours de ces investigations.

 

- lutter contre la prolifération des moustiques autour du domicile en éliminant les eaux stagnantes qui constituent des gîtes larvaires (ex: vider et ranger les soucoupes et autres petits récipients, couvrir les réservoirs d'eau avec un tissu ou une moustiquaire,...); 

- porter des vêtements couvrants et amples, notamment en soirée, les moustiques de type Culex ayant principalement une activité nocturne; 

- utiliser des répulsifs, conseillés par votre pharmacien, sur les vêtements;

- utiliser des climatiseurs, moustiquaires,....