Pour faire face à cette situation, la stratégie des autorités sanitaires françaises dans la lutte contre le mpox vise à répondre à trois objectifs centraux :
- réduire voire éliminer en France la circulation du clade II.
- prévenir l'émergence du clade Ib du MPXV en France.
- Renforcer l'immunité à long terme pour se préparer à d'éventuelles flambées épidémiques.
Ainsi, les autorités sanitaires poursuivent la vaccination contre le mpox, en place depuis 2022, via :
- une campagne de vaccination préventive en préexposition pour les personnes à haut risque d’exposition ;
- une stratégie de vaccination réactive pour les personnes contacts à risque autour d’un cas de mpox.
La HAS recommande l’administration d’une dose unique de rappel chez les personnes ayant déjà réalisé une primovaccination complète (à 1, 2 ou 3 dose(s) selon les cas).
La HAS dans son Avis n° 2024.0058/AC/SESPEV du 29 août 2024 recommande de mettre en œuvre deux types de campagnes de vaccination complémentaires :
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Une campagne de vaccination en pré-exposition pour les personnes à haut risque d’exposition :
Ainsi, sont éligibles à une vaccination avec le vaccin MVA-BN (IMVANEX ou JYMNEOS) :
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Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) rapportant des partenaires sexuels multiples et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
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Les personnes en situation de prostitution ;
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Les professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux ;
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Les partenaires ou les personnes partageant le même lieu de vie que celles à très haut risque d’exposition susmentionnées.
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Une stratégie réactive autour des cas :
Les personnes contacts à risque, telles que définies par Santé publique France, ainsi que les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec une personne-contact à risque, sont éligibles à la vaccination avec le vaccin MVA-BN (IMVANEX ou JYNNEOS).
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Ces vaccins doivent être administrés idéalement dans les 4 jours après le premier contact à risque et au maximum 14 jours plus tard. Cependant, si le premier contact à risque remonte à plus de 14 jours et qu’il existe des dates ultérieures de contact à risque rapportées, la vaccination peut être proposée dans les délais impartis à partir de la date de dernier contact.
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L’administration entre deux doses est de 28 jours (quel que soit le schéma à 1, 2 ou 3 dose(s)) pour une primovaccination et de 2 ans dans le cas du rappel.
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La HAS recommande l’administration d’une dose unique de rappel chez les personnes ayant déjà réalisé une primovaccination complète (à 1, 2 ou 3 dose(s) selon les cas).
Cette recommandation de rappel à distance ne s’applique pas aux personnes ayant reçu une vaccination antivariolique dans l’enfance puis une dose unique de rappel par le MVA-BN depuis 2022, ni aux personnes ayant été infectées par le MPXV.
L’efficacité de la vaccination n’étant pas de 100 %, le respect de ces mesures reste absolument nécessaire, même pour les personnes vaccinées.
La balance bénéfice-risque individuelle sera évaluée par le professionnel de santé proposant la vaccination, celle-ci est libre d’accepter ou non la vaccination.
Situations particulières :
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La HAS rappelle qu’il est préférable d’éviter l’utilisation de ces vaccins pendant la grossesse.
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Pour les personnes âgées de moins de 18 ans, la HAS recommande que la vaccination soit envisagée au cas par cas par les seuls spécialistes, après une évaluation stricte des bénéfices et des risques pour le mineur concerné, dans le cadre d’une décision médicale partagée, et dans les conditions fixées aux articles L.1111-2 et suivants du code de la santé publique.
Recommandations vaccinales pour les voyageurs :
Le HCSP recommande la vaccination avec un vaccin de 3ème génération pour les voyageurs les plus à risque de mpox, soit :
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Les personnes ayant des pratiques sexuelles à risque indépendamment de la destination ;
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Les professionnels de santé et les travailleurs humanitaires se rendant dans une zone de circulation active du MPXV de clade I (a et/ou b), en particulier la RDC et les pays limitrophes de la région des grands lacs ;
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Les personnes originaires des zones de circulation active du MPXV de clade I (a et/ou b) partant rendre visite à la famille et à leurs connaissances ;
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Les personnes immunodéprimées se rendant dans les zones de circulation active du MPXV de clade I (a et/ou b).
Tous les autres voyageurs sont évalués à faible risque de mpox dans le contexte actuel et n’ont pas à se faire vacciner avant leur voyage.
PI :
https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_mpox_voyageurs_v5_4_sept2024_v_pour_envoi.pdf
- Lieux de vaccination :
Les personnes concernées pourront accéder à la vaccination sur la base d'une auto déclaration de leur statut de personne cible pour la vaccination, après évaluation de la balance bénéfice-risque individuelle de cette vaccination.
La variole du singe est une infection zoonotique, qui peut se propager par transmission interhumaine.
Considérée endémique dans une dizaine de pays d’Afrique occidentale et centrale, cette maladie peut toucher le reste du monde via des cas importés.
L’agent responsable est un virus à ADN qui appartient à la famille des Poxviridae, et au genre Orthopoxvirus.
Le réservoir naturel du virus du Monkeypox reste mal connu, les rongeurs et les primates non humains peuvent héberger le virus et infecter l’homme.
Étant étroitement apparenté au virus variolique, le virus du Mpox se traduit par une maladie semblable (mais moins transmissible et moins grave) à celle de la variole.
On distingue deux principaux types du virus Mpox :
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Le clade 1 : souche “historique” du virus, présent dans le Bassin du Congo en Afrique Centrale. Le clade 1b provient du clade 1.
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Le clade 2 : présent en Afrique de l’Ouest. Le virus qui circule actuellement en Europe, le clade 2b, notamment en France, provient du clade 2 impliqué dans l’épidémie du Nigéria.
Modes de transmission:
• Transmission de l'animal infecté à l'homme :
- Par morsure ou griffure.
- Par préparation de viande de brousse.
- Par contact direct ou indirect avec des fluides corporels ou du matériel de lésion.
• Transmission interhumaine :
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Par contact direct avec une personne infectée à travers les fluides corporels, les lésions cutanées de la maladie ou les muqueuses internes comme la bouche.
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De manière indirecte par des objets que le malade a contaminés, comme des vêtements ou du linge de lit.
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Dans une moindre mesure à l’occasion d’un contact prolongé en face à face par des gouttelettes (postillons, éternuements).
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Également possible par transmission verticale mère/enfant.
Présentation clinique:
Les symptômes sont très polymorphes mais la présentation clinique, la plus souvent rapportée à ce jour, est :
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Une période d'incubation comprise entre 5 et 21 jours (le plus souvent entre 6 à 13 jours).
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Généralement un syndrome fébrile (courbatures, céphalées, fatigue, etc.), durant 1 à 4 jours.
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Puis une phase éruptive, durant 2 à 4 semaines :
Débutant préférentiellement en région ano-génitale ou au niveau de la muqueuse buccale avec des adénopathies régionales associées : cette localisation n’est toutefois pas exclusive et au cours de l’évolution, les lésions peuvent s’étendre au visage, au tronc ainsi qu’aux membres et aux extrémités.
Constituée de lésions cutanées polymorphes évoluant en plusieurs floraisons et dans le temps : vésicules, pustules ombiliquées puis lésions ulcérées et croûteuses avec parfois formation d’une escarre nécrotique.
Par la suite les croûtes tombent puis les lésions cicatrisent, bien que certaines lésions plus creusantes puissent laisser des cicatrices inesthétiques.
Ces lésions sont parfois prurigineuses et peuvent être très douloureuses, notamment au niveau des muqueuses ;
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Des adénopathies douloureuses dans le territoire de drainage (cervicales, inguinales …) ;
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Une angine ;
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Une anite ou une rectite (souvent douloureuse).
L’infection s’installe progressivement et des lésions d’âges différents peuvent coexister. On observe en général, 1 à 50 lésions, rarement plus de 100 lésions (dans un cas sur dix, il n’existe qu’une seule lésion, d’où l’importance de l’interrogatoire et de l’examen complet des patients).
Le sujet est contagieux dès l’apparition des premiers symptômes et jusqu'à cicatrisation complète après la chute des croûtes.
Dans la plupart des cas la prise en charge est ambulatoire : l’évolution est le plus souvent favorable en 2 à 4 semaines, cependant certaines formes peuvent être hyperalgiques et dans 3 % des cas une hospitalisation a été nécessaire
Population à risque de forme grave : les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les enfants.
PI : Société française de dermatologie: MKP virus/ manifestations dermatologiques
- fiche COREB: aide au diagnostic dermatologique
Informations complémentaires à destination des professionnels de santé :
- fiche de synthèse "variole du singe" à destination des professionnels de santé (04/09/2024)
- fiche HAS "Réponse Rapide : Infection par le virus Mpox – Prise en charge en médecine de 1er recours"
- Définition de cas suspects, probables ou confirmés d'infection par le virus Monkeypox, consultables sur le site de Santé publique France.
- Le signalement à l'ARS est recommandé pour les cas suspects qui doivent être orientés vers une consultation médicale et la réalisation d’un test biologique. L’infection à mpox doit être évoquée après exclusion des diagnostics différentiels.
- Tous les cas probables ou confirmés d'infection par le virus du Mpox sont à signaler à l'ARS :
Le Point Focal Régional (PFR)
24h/24 - 7j/7
Tél. : 04.95.51.99.88
Fax : 04.95.51.99.12
Courriel : ars2a-alerte@ars.sante.fr
-> Le signalement par téléphone et/ou mail de cas probables (testés ou non) ou confirmés doit être suivi de l'envoi de la fiche de notification de maladie à déclaration obligatoire.
Ne pas attendre les résultats des PCR de clade pour signaler les cas probables ou confirmés de mpox.
->Un cas probable est présumé être infecté par le même clade et sous clade que son cas primaire. Cependant, si le clade et sous clade du cas primaire n’est pas connu, il est recommandé de tester le cas probable en vue de cette détermination.
Pour fluidifier et sécuriser le parcours du patient, il est demandé aux médecins prescripteurs de PCR MKP de prévenir en amont le laboratoire qui va procéder aux prélèvements.
- Les médecins peuvent continuer à solliciter l'avis des infectiologues (CH Ajaccio /CH Bastia ou IHU de Marseille) pour appui et expertise, si besoin (aide au diagnostic, indication des tests diagnostiques par PCR (prélèvements sur lésions cutanées, sur muqueuses ou prélèvements (naso)-pharyngés), aide au classement, risque de formes graves,...).
- Circuit du prélèvement:
En Corse, les prélèvements sont à réaliser via un laboratoire de biologie médicale, en ville ou en établissement de santé.
- Prélèvements conditionnés dans un triple emballage UN 3373 ;
- Utilisation des moyens aériens pour acheminement sous UN 3373 triple emballage des prélèvements réalisés ;
- Analyse réalisée dans les laboratoires disposant d’un niveau de confinement P3 ou P2+ dans certaines situations.
- Détermination du clade, du sous clade et séquençage.
Transmission au CNR :
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Des prélèvements issus de tout cas confirmé pour détermination du clade lorsque le laboratoire n’a pas la capacité de déterminer le clade.
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Du matériel viral issu de tout cas d’infection par le virus MPXV de clade I pour détermination du sous clade et séquençage, ainsi que les prélèvements issus de tout cas pédiatrique, tout cas adulte féminin, tout cas grave hospitalisé, tout cas nosocomial et les éventuels cas groupés, pour les cas de Clade II pour caractérisation des souches, lorsque le laboratoire a la capacité de déterminer le clade.
- Lieux de prélèvements:
cf documents à télécharger: Lieux de prélèvements PCR MKP en Corse
Informations complémentaires à destination des professionnels de santé:
Les ARS ont la charge de mettre en place les mesures nécessaires à la limitation du risque de propagation autour des cas : isolement, contact tracing, rappel des mesures de prévention pour les cas et les contacts, organisation de la vaccination des personnes contacts à risque.
- Les cas probables (testés ou non) ou confirmés sont contactés, après obtention de leur accord par leur médecin, par l'ARS de Corse pour :
- recueillir l’identité des contacts à risque et leurs coordonnées.
- donner les recommandations/mesures barrières à appliquer pendant l'isolement au domicile (cf documents à télécharger ci-dessous : Recommandations pour les personnes isolées à domicile cas probables ou cas confirmés d'infection à virus Monkeypox).
- investiguer autour du cas.
Ces personnes seront suivies par leur médecin traitant.
- Les personnes dites "contact à risque" identifiées sont contactées, après obtention de leur accord, par l'ARS pour :
- vérifier que les circonstances (du ou des contacts) étaient à risque de contamination.
- évaluer le risque d'évolution vers une forme grave.
- donner les recommandations (autosurveillance pendant 21j après le dernier contact à risque : fièvre, éruption cutanée/ en cas d'apparition de signes cliniques, s'isoler et contacter immédiatement le 15) (cf documents à télécharger ci-dessous: Recommandations pour les personnes dites contacts à risque d’une personne diagnostiquée MKP).
- proposer la vaccination post-exposition pour les personnes contact à risque de plus de 18 ans, préciser les enjeux (bénéfices/risques) et les orienter vers un centre de vaccination. Ainsi que pour les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec une personne contact à risque.
- Pas de suivi de la personne-contact.
- Contact warning: Si le contact tracing n’est pas possible, tous les cas doivent être informés de la nécessité de prévenir leurs personnes contacts à risque, de leur situation, du risque de contamination, de la nécessité de s'auto-surveiller et de la recommandation de se faire vacciner.
Afin d’informer précisément les personnes-contacts, un flyer est remis au cas lors de la consultation, expliquant à celui-ci la démarche à entreprendre et les informations à partager.
- Des documents de prévention sont produits par Santé publique France
https://www.santepubliquefrance.fr
- Un site internet pour en savoir plus:
- Une ligne téléphonique "Monkeypox info service" pour répondre aux questions
0 801 90 80 69 7j/7 de 8h à 23h