Utilisation d'eau non potable : encore beaucoup de possibilités

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image réutilisation eau arrosage
réutilisation d'eau arrosant une pelouse

Chaque individu consommerait environ 120 à 150 l d’eau par jour, alors que 10 à 20 seulement nécessitent d’être parfaitement potable (boisson, cuisson des aliments).
Dans un contexte de pénurie d’eau, l’utilisation d’une eau non potable pour des usages non sensibles est justifiée. Quelques précautions sont cependant à prendre pour éviter tout risque pour la santé.

Récupérer l’eau de pluie pour faire des économies d’eau est une bonne idée. Cette eau, qui a ruisselé sur la toiture, a transité par une gouttière et stagné dans une citerne ne peut pas être considérée comme potable, car elle a certainement rencontré sur son passage de nombreuses sources de pollution (insectes, boues, déjections animales…). Elle doit être réservée à des usages non alimentaires, comme l’arrosage des plantes, le lavage des sols, des véhicules. Compte tenu de sa faible minéralisation et de son acidité, l’eau de pluie n’est pas conseillée pour remplir les piscines, car elle perturbe le pH et la maitrise de la désinfection.

Il est strictement interdit de connecter un circuit contenant de l’eau de pluie au circuit de distribution d’eau venant du réseau public : les deux réseaux doivent être séparés et identifiés. En cas d’incident sur le réseau public d’eau, le phénomène de retour d’eau pourrait conduire à siphonner la citerne d’eau non potable vers le réseau public et le contaminer. 

La citerne doit être équipée d’un dispositif permettant d’empêcher l’intrusion d’insectes et éviter qu’elle ne devienne un lieu de reproduction de moustiques, sources de nuisances importantes et de risques pour la santé.

Enfin, l’usage d’eau de pluie est strictement interdit dans certains établissements, recevant un public sensible, comme les établissements de santé, les établissements pour personnes âgées, les bâtiments scolaires ou recevant de jeunes enfants.

Le cadre technique et juridique d’utilisation de l’eau de pluie est décrit dans l’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l'intérieur et à l'extérieur des bâtiments.

Les eaux usées peuvent dans certaines conditions très encadrées être réutilisées, en particulier pour l’arrosage d’espaces verts ou de golfs, gros consommateurs d’eau. C’est une pratique relativement récente qui permet de réduire la consommation d’eau dans certains secteurs où la ressource peut venir à manquer.  Les eaux usées sont par nature chargées en germes, virus, parasites et substances chimiques que les différentes étapes de traitement réalisées en station d’épuration ne permettent pas d’éliminer totalement.   Pour pouvoir être réutilisées, les eaux usées doivent subir un traitement de clarification complet, intégrant un traitement final permettant de réduire la charge bactérienne (ultra-violets notamment) et dont la qualité est régulièrement contrôlée. La réutilisation des eaux usées traitées est possible pour l’irrigation de cultures non sensibles (espaces verts notamment), mais doit se faire en respectant des distances de sécurité avec les habitations ou les zones de passage, à l’aide de dispositifs évitant la mise en suspension de l’eau et en l’absence de vents. En Corse, le Golfe de Spérone à Bonifacio expérimente cette technique pour l’arrosage des espaces verts et bénéficie d’un arrêté préfectoral d’autorisation.

Le cadre réglementaire est précisé dans les textes suivants :

Lorsque les conditions géologiques le permettent recourir à un forage privé est possible. Cependant, il faut avoir à l’esprit que cette eau n’est pas régulièrement contrôlée, son environnement pas forcément protégé : elle ne doit pas être considérée comme potable et être réservée aux usages non sensibles comme le lavage des sols ou des voitures, l’arrosage des plantes.

En tout état de cause, l’eau provenant d’un forage privé ne doit jamais être en contact avec l’eau provenant du réseau public. Les interconnexions sont interdites et les vannes d’arrêt, clapets anti-retours n’apportent pas de garanties suffisantes.

Si vous désirez mettre en service un forage privé, dans le cadre d’un usage familial uniquement, assurez-vous qu’il soit réalisé dans de bonnes conditions, c'est-à-dire :

  • Qu’il est suffisamment éloigné des sources de pollutions, comme les assainissements (au moins 35 mètres)
  • Qu’il est protégé des infiltrations d’eau de pluie, avec une rehausse au-dessus du sol et étanchéifié sur les premiers mètres
  • Qu’il est régulièrement nettoyé et entretenu
  • Que sa qualité est contrôlée à échéance régulière
  • Qu’il est déclaré en mairie.

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Contact

Corse-du-Sud Jean-Dominique Chiappini

- jean-dominique.chiappini@ars.sante.fr

04.95.51.99.58

Haute-Corse Patrice Grandjean 

- patrice.grandjean@ars.sante.fr

04.95.38.68.20