Promouvoir le bon usage de l’antibiothérapie et lutter contre l’antibiorésistance : installation du centre régional en antibiothérapie de Corse

Communiqué de presse

Dans le cadre de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques promue par l’OMS et à l’occasion de la Journée Européenne d'Information sur les Antibiotiques, la directrice générale de l’ARS Corse a installé officiellement le Centre Régional en Antibiothérapie (CRAtb), structure d’expertise et d’appui pour tous les professionnels de santé des trois secteurs de soins

Pourquoi lutter contre l’antibiorésistance ?  

 

L’antibiorésistance est définie par l’inefficacité d’un antibiotique face à une infection bactérienne ciblée. L’administration répétée d’antibiotiques chez l’homme ou l’animal est responsable de l’augmentation des résistances bactériennes. Les professionnels de santé peuvent se retrouver en difficulté pour traiter des infections bactériennes aussi courantes que les infections urinaires, la pneumonie en raison de la perte d’efficacité des antibiotiques.

La lutte contre l’antibiorésistance constitue une priorité nationale et régionale de santé publique. C’est pourquoi, le ministère chargé de la Santé a complété la Stratégie nationale 2022-2025 de Prévention des Infections et de l’Antibiorésistance par la Feuille de route 2024 – 2034 sur la prévention et réduction de l’antibiorésistance, qui prévoit un pilotage régional de la mise en place de cette politique par les Agences Régionales de Santé (ARS) en étroite collaboration avec les centres régionaux en antibiothérapie (CRAtb) et les centres d’appui de prévention des infections associées aux soins (CPias).

 

A retenir :

Selon l’OMS :

  • La résistance aux antibiotiques : l’une des menaces la plus grave sur la santé mondiale
  • Peut toucher toute personne, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays
  • Phénomène accentué par le mauvais usage des antibiotiques chez l’homme comme chez l’animal
  • Un nombre croissant d’infections devient plus difficile à traiter, les antibiotiques utilisés pour les soigner perdant leur efficacité.
  • La résistance aux antibiotiques entraîne une prolongation des hospitalisations, une augmentation des dépenses médicales et une hausse de la mortalité

 

Expertise et appui aux professionnels de santé pour le bon usage des antibiotiques et la prévention de l’antibiorésistance

Implanté au centre hospitalier de Bastia, le centre régional en antibiothérapie (CRAtb) a pour missions, à l'échelle régionale, de promouvoir le bon usage des antibiotiques, de contribuer à la lutte contre l'antibiorésistance et de favoriser les liens entre médecine hospitalière et médecine de ville.

Le CRAtb de Corse apportera son expertise et un appui aux professionnels de santé dans les trois secteurs de soins, sanitaire, médico-social et ville. Il interviendra en synergie avec l’ARS, le CPias, l’OMéDIT, l’Assurance Maladie et les autres partenaires impliqués par ces problématiques pour optimiser la lutte contre l’antibiorésistance et promouvoir le bon usage des antibiotiques.

Le CRATB assurera la coordination et l’animation de réseaux de professionnels de santé avec une forte implication des équipes multidisciplinaires en antibiothérapie (EMA), des référents en antibiothérapie des établissements sanitaires et du réseau des médecins libéraux, afin de démultiplier les actions concrètes menées à l’échelon régional.

La mise en place de cette structure marque ainsi une étape essentielle pour la Corse en permettant et en renforçant :

  • Un maillage territorial pour les avis en antibiothérapie et le parcours des patients en infectiologie ;
  • La diffusion d’outils de bon usage ;
  • La formations des professionnels de santé ;
  • La sensibilisation des usagers au danger de l’antibiorésistance

Le comité de pilotage du CRAtb de Corse réunira l’ensemble des acteurs clés de la santé régionale pour répondre aux défis croissants liés à une gestion responsable des antibiotiques : représentants de l’ARS, des professionnels de santé libéraux, des établissements sanitaires publics et privés, des ESMS, de l’assurance maladie, de l’OMéDIT, de Santé publique France, des services de la protection maternelle et infantile de la Collectivité de Corse, du CPIAS, des dispositifs de réduction des risques infectieux, des autres services de l’état concernés ou impliqués des acteurs de la santé animale et environnementale et des usagers échangeront  sur les stratégies à mettre en place et les actions concrètes à mener.

L’installation du CRAtb en cette journée européenne d'Information sur les Antibiotiques est l’occasion de souligner l’importance d’un engagement collectif en faveur d’un usage raisonné des antimicrobiens, en impliquant les acteurs régionaux à tous les niveaux. Ensemble, les professionnels, les institutions et les citoyens participeront activement à l’amélioration de la santé publique et à la protection des générations futures face à la menace de l’antibiorésistance.

La Corse : région la plus prescriptrice et consommatrice d’antibiotique en ville en France

En ville :

  • Les prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville se sont stabilisées en 2023 (-0,2 % par rapport à 2022) après deux années d’augmentation consécutives. Ces chiffres replacent l’évolution de la consommation dans une tendance pré-pandémique, marquée par une baisse modérée mais constante. Cependant, ils demeurent au-dessus de l’objectif cible de moins de 650 prescriptions/1 000 hab./an d’ici 2025, tel que défini par la stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibiorésistance., plaçant la France au 5e rang des pays le plus consommateur d’antibiotiques en Europe. 
  • Cette évolution des prescriptions varie selon les différentes classes d’âge, avec une stabilisation chez les 15-64 ans, une augmentation chez les 65 ans et plus et une baisse chez les enfants de 0-4 ans. Pour les enfants de 0-4 ans, le nombre de prescriptions de 2023 est maintenant légèrement inférieur à celui de 2019.
  • Le nombre de prescriptions reste particulièrement important chez les enfants et en fin d’année 2023 (en lien avec les épidémies d’infections hivernales courantes). Pourtant, les infections hivernales courantes justifient rarement une prescription d’antibiotiques.
  • Alors que les prescriptions d’antibiotiques des généralistes ont diminué de 1,3 % en 2023 par rapport à 2022, celles des médecins spécialistes et des dentistes ont augmenté (+ 4,6 % chez les spécialistes et + 1,4 % chez les dentistes).
  • On note une forte disparité régionale avec notamment une consommation et des prescriptions plus importantes en Corse
  • Consommation : 25 DDJ/1000 hab/ jour en Corse versus 20,9 DDJ/1 000 hab/j en France
  • Prescription : 999,7 presc/ 1000 hab/ an versus 820,6 presc/1 000 hab/an en France  

Si l'on considère globalement la période 2013-2023, le contraste entre les régions apparaît encore plus important : ainsi la consommation a diminué de plus de 17 % en Bretagne durant ces dix dernières années, alors qu'elle a augmenté de près de 12 % en Corse. Cette plus grande consommation d’antibiotiques en Corse est retrouvée dans toutes les classes d’âges.

Malgré cette surconsommation d’antibiotiques, les principaux indicateurs de résistances restent, pour l’instant, du même ordre qu’au niveau national.

Patients résidant en Ehpad :

  • En Corse, la consommation d’antibiotiques est de 42,0 DDJ/ 1 000 et par journée d’hébergement, (39,3 au niveau national)
  • De même, la prescription d’antibiotiques est de 4,7 pour 1 000 journées d’hébergement (4,1 au niveau national).

La Corse est, là aussi, une des régions les plus consommatrice d’antibiotiques pour les patients résidant en Ehpad. Les dernières données d’antibiorésistance montrent par ailleurs des indicateurs beaucoup plus élevés qu’au niveau national pour ceux-ci.

En établissements de santé :

  • La consommation globale d’antibiotiques est de 231,0 DDJ/ 1 000 par journée d’hospitalisation ébergement (312 au niveau national)
  • Les indicateurs de résistances montrent une situation, dans les établissements de santé, plus favorable qu’au niveau national.

 

Le test rapide angine, un outil indispensable de lutte contre l’antibiorésistance

Plus de 80% des angines sont d’origine virale et ne nécessitent pas d’antibiotiques. Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) des angines permettent de vérifier l’origine virale ou bactérienne d’une angine en quelques minutes, grâce à un prélèvement de gorge. Ces tests permettent donc de décider si la prescription d’antibiotiques s’avère nécessaire.

Le test rapide angine s’effectue chez le médecin ou en pharmacie d’officine :

  • Le médecin peut effectuer le test rapide angine lors de la consultation.
  • Depuis décembre 2021, en cas de suspicion d’angine à streptocoque du groupe A, le médecin a la possibilité de faire figurer sur l’ordonnance la mention « si TROD angine positif, sous x jours calendaires ». Cette mention permettra au pharmacien de ne délivrer l’antibiotique que si le résultat du TROD angine réalisé en pharmacie d’officine est positif, dans un délai de 7 jours maximum.
  • Enfin, depuis le 18 juin 2024, le pharmacien peut réaliser le test rapide angine en pharmacie d’officine quand les symptômes présentés par le patient le justifient, en l’absence de consultation médicale préalable, chez les enfants âgés de 10 ans et plus, et chez les adultes. En cas de résultat positif du test, le pharmacien est autorisé à délivrer certains antibiotiques.
     

La prise d’antibiotiques n’est jamais anodine : quelques conseils pour bien les utiliser

 Les antibiotiques sont efficaces uniquement sur les infections bactériennes et n’ont aucun effet sur des infections provoquées par un virus.

  •  La prise d’antibiotique doit être précédée d’une prescription médicale.
  • La durée du traitement antibiotique doit toujours être strictement respectée
  • Les éventuels antibiotiques restants doivent être rapportés en pharmacie
  • Ne jamais réutiliser les antibiotiques pour soi ou pour ses proches, même si les symptômes sont identiques

 

Pour rappeler ces principes, Santé publique France, le ministère de la Santé et de l’accès aux soins et l’Assurance Maladie rediffusent à partir du 18 novembre la campagne « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ».